Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/218

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Balterini. Ah ! vous avez cru que je ne m’apercevrais pas de vos grimaces ; vous m’avez pris pour un père de comédie, pour un imbécile !

— Père ! supplia Marguerite douloureusement émue de la colère de M. Rumigny.

— Voyons, est-ce vrai, oui ou non ? Cet Italien te fait-il la cour ? T’a-t-il dit qu’il t’aimait ? Je ne te demande pas ce que tu lui as répondu, je suis certain que tu l’as traité comme il le mérite. Mais pourquoi ne m’as-tu pas averti ? je l’aurais chassé !

La jeune fille se taisait, profondément humiliée et s’armant de courage pour la lutte qu’elle pressentait.

— Eh bien ! réponds-moi !

Il lui secouait les deux mains qu’il avait prises dans les siennes.

— Pas en ce moment ! fit Mlle  Rumigny en se dégageant doucement ; ce soir, demain, lorsque vous serez plus calme.

— Je veux savoir de suite.

Marguerite releva la tête, son regard s’était fait assuré ; on eût dit qu’elle avait honte de sa faiblesse.

— Soit ! dit-elle ; après tout, il vaut mieux ne rien vous cacher. C’est vrai, M. Balterini m’a avoué qu’il m’aimait.