Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/42

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— Jadis, poursuivit le greffier avec complaisance et un certain orgueil, tous les cadavres étaient exposés découverts ; mais c’était là un spectacle pénible pour ceux qui venaient reconnaître un parent ou un ami ; j’en fis l’observation au savant docteur Devergie, et la Morgue lui doit cette importante amélioration. Les corps ayant ici chacun leur numéro, nous n’avons à ouvrir, grâce à cette installation, que le coffre où est renfermé celui qu’on nous demande. Ils restent ici, après avoir été reconnus, jusqu’au moment de l’inhumation, mais vous devez vous apercevoir qu’ils ne répandent aucune mauvaise odeur.

C’était exact. Dans cette pièce, il ne faisait que froid et humide. Ces caisses de zinc fermées, on aurait pu se croire dans un tout autre lieu, pourvu toutefois qu’on n’y aperçût pas, comme le fit William Dow, au moment de sortir, un enfant d’un jour ou deux qui, placé tout simplement sur le contrefort du mur, attendait, poings fermés et membres repliés, que la science dise s’il avait été mis au monde vivant ou mort.

En quittant cette horrible exhibition, le greffier et le visiteur traversèrent le lavoir, puis le séchoir, endroits où les vêtements des cadavres sont soigneusement nettoyés et suspendus jusqu’à ce qu’ils prennent place au vestiaire, et ils attei-