Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/264

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arbres, et conserve de la lumière pour que les gens de l’hôtel me supposent chez moi. Si par hasard sir Arthur rentrait et voulait me voir, tu lui diras que je me suis couchée très-souffrante et que je dors.

— Soyez prudente au moins, maîtresse, murmura la fidèle servante.

Mais la fille de sir Arthur était déjà loin.

Le jardin lui était trop familier, à elle qui y passait de longues heures de rêverie, pour que, dans les plus profondes ténèbres, elle n’y trouvât pas facilement son chemin. Elle en atteignit rapidement la porte de sortie.

Nous savons déjà que cette porte donnait sur une avenue de platanes qui descendait directement jusqu’à la place du Gouvernement.

Au moment où elle mettait les mains à tâtons sur la serrure, il lui sembla entendre des bruits de pas au dehors.

Elle prêta l’oreille.

Quelqu’un était évidemment là qui attendait.

Ce ne pouvait être que Roumee.

Ada ouvrir alors, se glissa par la porte entre-bâillée et la tira doucement à elle.

En se retournant, elle étouffa un cri de terreur, et, s’appuyant chancelante contre le mur, ramena précipitamment sur son visage les plis de son manteau.

Un officier de l’armée d’Hyderabad était en face d’elle, et elle l’avait promptement deviné plutôt que reconnu.

C’était le capitaine George Wesley !

Quant à Roumee, il lui sembla qu’il se tenait blotti à quelques pas de là, derrière l’un des arbres de l’avenue.

Elle se sentit perdue.

Bien qu’il n’eût pas reçu de réponse à la lettre pressante qu’il avait écrite à miss Ada, le capitaine s’était néanmoins rendu au bal dans l’espoir de la rencontrer, mais lorsqu’il avait vu le colonel Maury entrer seul dans les salons du gouverneur, il avait quitté le palais, pour ne pas donner à ses amis, qui connaissaient son amour, le spectacle de son désespoir.

Instinctivement, il s’était dirigé vers l’hôtel de sir Arthur.

Sachant que les fenêtres de l’appartement de la jeune fille ouvraient sur le jardin, c’est de ce côté qu’il était venu, espérant entrevoir son ombre, entendre le son de sa voix.

Puis le mouvement des lumières dans cette partie de la maison, habituellement calme, avait éveillé sa jalousie, et il s’était, malgré lui, décidé à un espionnage qui répugnait à ses sentiments de galant homme.

C’est au moment où, honteux de lui-même, il allait se retirer, que la porte du jardin s’était ouverte pour livrer passage à un inconnu qui, sortant