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IV

SUITE DE L’INTERROGATOIRE DE FERINGHEA



Le lendemain, bien avant la reprise de l’audience, la place du Gouvernement était envahie par la foule, et les nombreux soldats que l’autorité avait échelonnés sur la place du Palais ne parvenaient qu’avec peine à y maintenir un peu d’ordre.

Ceux qui avaient entendu la première partie de la déposition de Feringhea étaient avides d’en connaître la fin ; ceux qui, au contraire, n’avaient pu pénétrer la veille dans l’enceinte du tribunal, voulaient à leur tour y prendre place.

Ils désiraient entendre de leurs oreilles, voir de leurs yeux, ne pouvant croire à tout ce qui se disait de la déposition du chef des Thugs, dont cependant les particularités les plus horribles restaient à connaître.

Aussi, lorsque l’heure de l’ouverture des portes fut arrivée, ce fut un flot déchaîné qui se précipita dans les couloirs.

En un instant, la salle du tribunal fut remplie et présenta de nouveau ce coup d’œil curieux que nous nous sommes efforcé de décrire.

Il fallut plus d’un quart d’heure aux huissiers pour obtenir un peu de tranquillité ; ce ne fut que sur la menace de faire sortir la foule et lorsqu’on eut annoncé la cour que le silence se fit.

Feringhea fut introduit, entouré de gardes et de soldats.

Il avait toujours la même attitude altière et rêveuse.

Dès que le terrible chef fut en face de lui, lord Bentick prit la parole en disant :

— Je prie l’auditoire d’assister à ces débats avec plus de calme qu’il ne l’a fait hier, de dominer son émotion et surtout de s’abstenir de toutes marques d’approbation ou d’improbation. La majesté de la justice ordonne le plus profond silence. Je désire que cela ne soit pas oublié.

Puis, s’adressant à Feringhea :

— Reprenez votre récit, lui ordonna-t-il.

Feringhea se leva aussitôt, regarda de tous côtés dans l’immense salle d’audience, et commença en ces termes :