Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/349

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La voûte était tellement basse que, quoiqu’il fût accroupi, les aspérités des pierres déchiraient son visage et le forçaient à fermer les yeux.

Il parcourut ainsi, sur une pente rapide, au milieu de l’obscurité la plus profonde, une centaine de mètres à peu près.

L’atmosphère était lourde, viciée ; il ne respirait qu’avec peine.

Ses pieds rencontrèrent enfin le sol.

Il se redressa, étendit les mains, et reconnut qu’il avait autour de lui un espace vide d’une certaine étendue.

Il écouta un instant, mais rien ne troublait ce silence du néant qui l’enveloppait.

Il n’entendait que le battement de son cœur et le clapotement, à intervalles réguliers, de quelques gouttes d’eau qui, filtrant à travers les rochers, tombaient de la voûte sur les pierres.

Il se hasarda alors à s’avancer à tâtons, et il avait déjà fait quelques pas sans rencontrer un seul obstacle, lorsque sa main s’appuya sur un objet glacé qui avait la forme d’un bras humain.

Mais le cœur de cet homme était de bronze et inaccessible à la peur.

Sans s’émouvoir un seul instant, il chercha, par le toucher, à se rendre compte de ce qu’il venait de saisir, et il reconnut que ce bras ferme et inerte appartenait à une de ces mille statues sculptées dans le roc et garnissant chacune des parois des passages souterrains.

C’était même là pour lui, au milieu des ténèbres, une précieuse indication.

En effet, en sondant le terrain à droite et à gauche de l’idole, il trouva bientôt le vide, et son pied lui indiqua une pente légère qui était évidemment le point de départ du passage qui devait le conduire au centre des excavations.

Sans hésitation, il se mit à le suivre, s’appuyant seulement à la muraille, et, soit que quelque rayons de lune pénétrassent par des ouvertures qu’il n’apercevait pas, soit que ses yeux se fussent un peu faits à l’obscurité, il lui semblait, au fur et à mesure qu’il avançait, qu’il pouvait distinguer, à quelques pas devant lui, l’endroit étrange où il se trouvait.

Le couloir qu’il avait pris n’était plus, comme ce trou par lequel il avait pénétré dans le caveau, une espèce de passage de bête fauve, mais bien certainement un souterrain que les hommes avaient sinon creusé, tout au moins consolidé et disposé selon leur but.

Cela se reconnaissait aux énormes monolithes qui en soutenaient la voûte très-élevée et aux têtes d’animaux, de tigres et d’éléphants monstrueux qui, en relief, se détachaient du roc.

C’était là que les Thugs entraînaient leurs prisonniers et les sacrifiaient lorsque Dieu ne leur envoyait pas un sauveur tel que celui dont le colonel