Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/519

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parole. Je vous jure que James ne mourra pas sur l’échafaud. C’est, hélas ! tout ce que je puis vous promettre.

— Oh ! merci, monsieur ! merci pour lui et pour tout ceux qui l’aiment !

— Il ne faut pas que M. Edgar puisse donner pour excuse à son refus d’épouser Mary que son frère est un supplicié.

— Edgar, savez-vous donc où il est ?

— Peut-être ! Rentrez chez vous, miss, je vous ferai prévenir lorsqu’il sera temps.

Après lui avoir fait cette promesse, le comte reconduisit respectueusement miss Emma jusqu’à sa voiture, puis il rentra dans son appartement sans repasser par le salon où était restée Saphir.

Depuis la nuit où il avait dû dire à la sœur de miss Ada que celle-ci était sa femme bien-aimée, Villaréal évitait de se trouver seul avec la pauvre enfant, qui changeait à vue d’œil, malgré l’affection que chacun s’efforçait de lui témoigner.

La comtesse, surtout, qui ne se doutait pas du mal qui brisait la jeune fille, l’entourait des soins les plus touchants, mais, tous ses efforts étaient inutiles.

Non plus que lady Maury, dont la raison se raffermissait chaque jour et le docteur Harris, qui ne laissait échapper aucune occasion de voir sa fille, miss Ada ne parvenait à ramener le calme dans son esprit et le sourire sur ses lèvres.

Ses beaux yeux s’étaient cernés, ses joues avaient pâli.

Elle ne se plaignait jamais, mais il était facile de juger que sa douleur était d’autant plus profonde et plus vraie qu’elle semblait souffrir avec plus de résignation.

C’est dans cette situation d’esprit que miss Emma l’avait trouvée, et elle était encore dans ce même état d’accablement et de désespoir lorsque Tom, après l’avoir cherchée dans Dove’s street, parvint à savoir où elle s’était réfugiée et se présenta pour la voir.

Harris était auprès de sa fille, au moment où Yago introduisit l’ouvrier, et celui-ci ne fut pas peu surpris de retrouver là « le docteur », ainsi que ses amis et lui l’appelaient, bien qu’ils ignorassent réellement sa profession.

Harris reconnut aussi l’ami de James, toutefois il le laissa d’abord expliquer à Saphir le but de sa visite, ce que le brave garçon fit sans nul embarras, mais aussi sans mesurer ses menaces contre Edgar Berney s’il refusait d’épouser Mary.

La jeune fille lui ayant répondu, ce qui était vrai d’ailleurs, c’est-à-dire qu’elle ignorait ce qu’était devenu son ancien amant, Tom s’adressa alors