Qu’étaient devenus les inconnus que sir George était venu surprendre ? Étaient-ils engloutis sous les cendres ? S’étaient-ils échappés ? Ils l’ignoraient !
Ne sachant quel parti prendre, les soldats hésitèrent longtemps, puis ils se décidèrent à retourner à Tritchinapaly après avoir enfoui les tristes débris des victimes sous de lourdes pierres afin que les chacals ne pussent s’en repaître.
Pendant ce temps-là Nadir et Yago avaient repris à bride abattue le chemin de Tanjore.
Après avoir espéré que Sita s’était sauvée de son côté, l’Hindou avait appris de Nanda le dévouement héroïque de la jeune femme, et pour la première fois depuis bien des années, les larmes s’étaient échappées de ses yeux.
Mais le brahmine lui avait dit de sa voix grave :
— La femme Hindoue ne doit-elle pas périr sur le bûcher destiné à son époux ?
Et Nadir, avec le fatalisme de sa race, avait accepté le sacrifice de la fille du prêtre de Wischnou.
Puis Nanda, sur le silence duquel le Maître pouvait compter, avait repris seul le chemin de Tritchinapaly.
Au moment où il y arrivait, Nadir et son fidèle serviteur s’embarquaient sur l’Éclair pour retourner à Ceylan.
III
SEUL !
e surlendemain, au lever du soleil, le yacht mouillait de nouveau dans la baie de Trinquemale.
Nadir n’avait pas prononcé un mot pendant toute la traversée. Il avait passé la nuit à l’arrière de l’Éclair. Là, les yeux fixés sur l’horizon, on eût dit qu’il voulait voir au-delà de l’espace, lire dans l’avenir.
Ni le capitaine Léoni ni Yago n’avaient osé lui adresser la parole.
Lorsque son canot fut amené, Nadir s’y élança et quitta son bord sans donner aucun ordre.
Les matelots se courbèrent sur leurs avirons et, moins d’un quart d’heure plus tard, l’embarcation accostait au quai de débarquement.
L’Hindou sauta à terre et se dirigea d’un pas précipité vers l’hôtel où il avait laissé Ada aux soins d’Harris.