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IX

INTERROGATOIRE DES ACCUSÉS.



On conçoit avec quelle impatience était attendue cette audience, où devaient déposer le colonel Buttler, avec qui avait été confronté Hyder-Ali, ainsi que plusieurs des hommes de sa bande, notamment Zimana, Sapsati, Sumsee et Maya-Bita, c’est-à-dire ceux qui avaient joué les principaux rôles dans l’attaque du Palaur.

Aussi, bien avant l’heure fixée, les places réservées étaient-elles occupées par les femmes des hauts fonctionnaires de la colonie et par les personnages les plus important venus de l’intérieur. On remarquait dans un fauteuil, sur l’estrade, un beau vieillard de quatre-vingt ans, revêtu d’un riche costume hindou, la tête couverte d’un turban parsemé de diamants.

C’était le radjah de Vellore, un des plus fidèles alliés de l’Angleterre.

Il n’avait pas hésité à faire près de cent lieues pour assister à ces débats.

La présence de ce vieux représentant de la race hindoue devait être encore une consécration de la justice anglaise.

Quant à la foule, elle couvrait, ainsi que les jours précédents, toute l’étendue de la place du gouvernement.

À l’ouverture des portes, peu de monde put pénétrer dans la salle, car on avait dû réserver, entre le public et le tribunal, un espace plus considérable encore que la veille, pour les accusés et la garde nombreuse qui les accompagnait.

Lorsque toutes les places furent prises, le spectacle fut encore plus imposant et plus curieux que les jours précédents.

Derrière le tribunal, composé comme nous l’avons dit, et offrant, par conséquent, les plus bizarre assemblage de costumes et de physionomies, les chefs de service et les officiers généraux, en grande tenue, avaient pris place. Auprès d’eux, se pressaient les plus jolies femmes, noyées dans des flots de dentelle, de gaze et de mousseline, et d’avance pâles d’émotion.

Dans l’auditoire, non-seulement des Anglais, mais aussi des Hindous de tous les rangs et de toutes les classes.

Les grandes divisions de castes semblaient momentanément abolies.

Le brahmine, reconnaissable à sa longue robe jaune, coudoyait le paria.