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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/103

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Mme Bertin une sorte de terreur instinctive ; mais indulgente et bonne, ne voyant là d’ailleurs qu’un hommage rendu à Éva, qu’elle aimait chaque jour davantage, elle répondit en souriant :

— Oui certes, je vous informerai de tout ce qui se passera, et j’espère bien que, dans quelques semaines, nous pourrons voisiner de nouveau, quand même ma nièce serait encore à la maison. Où irait-elle, la pauvre enfant ? Elle n’a plus que moi aujourd’hui ! Le matin, en sortant, je viendrai vous dire bonjour. À bientôt !

Et après un salut amical à son jeune ami, elle remonta dans son appartement.

Demeuré seul, Ronçay se remit au travail. Il préparait à cette époque une œuvre importante destinée à son pays natal, l’île Bourbon.

C’était un groupe monumental qui, sous le vocable « la Vierge des flots », devait être érigé à la pointe des Galets, à Saint-Denis, pour protéger les marins.

Les bras étendus vers le large, la mère du Christ appelait à elle, en les bénissant, ceux qui étaient aux prises avec les terribles tempêtes de l’Océan indien.

Autour d’elle se pressaient, pleurant et baisant ses genoux, de petits enfants à demi nus, qui l’imploraient pour leurs pères en danger. Le mouvement général était simple, élégant, plein de vérité. Les vêtements de la Vierge tombaient en plis harmonieux ; sa tête, légèrement rejetée en arrière, indiquait que ses regards se levaient au ciel pour sup-