Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/115

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révolte, la coupe d’amertume a débordé, et j’ai résolu de me reprendre, pour ne pas mourir comme mon frère est mort. Si j’étais retournée là-bas, je me serais tuée !

— Ma sœur, ma sœur chérie !

Blanche avait pris Éva entre ses bras, elle la serrait sur sa poitrine, où battait à se rompre son cœur que la religion étroite n’avait pas déjà fermé aux tendresses humaines. Celle qu’elle avait adorée toute petite, l’enveloppait de nouveau de sa douce tyrannie d’autrefois.

Ainsi enlacées, elles pleurèrent longtemps, et, le soir même, sœur Marie de la Miséricorde repartit pour Chartres sans être retournée chez son père et après avoir dit à celle qu’elle pensait ne revoir jamais :

— Je ne te demande plus rien, ma chère Éva ; suis ta destinée, mais quoi qu’il arrive, je prierai tant pour toi que le Seigneur te pardonnera. Adieu pour toujours ! »

Le lendemain, en apprenant le départ de sa fille aînée, M. de Tiessant comprit que tout espoir d’amener Mme Noblet à renoncer à son projet était perdu. Alors, fou de colère, il se prépara, d’accord avec son gendre, que la résistance de sa femme humiliait, à combattre la révoltée par tous les moyens, les pièges et la violence même s’il le fallait.