Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/14

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trouve que dans la matinée, et j’ai profité de ce que ma pauvre Éva reposait encore. Pourquoi ne lui avez-vous pas fait l’honneur de monter chez elle ?

— Parce que je désirais causer avec vous avant de la voir. Je me suis contenté de lui envoyer quelques roses et de faire descendre Jeanne pour lui demander comment sa maîtresse était ce matin.

— Que vous êtes bon ! Mais qu’avez-vous à me dire de particulier ? Est-ce que le docteur ?…

— Non, je n’ai pas rencontré Tavini depuis plusieurs jours. Il s’agit de tout autre chose que de la santé de votre chère malade.

— Ah ! De quoi donc ?

— Je lui apporte une nouvelle qui lui causera une grande joie.

— Venant de vous, cela n’a rien de surprenant.

Le prince mit affectueusement le bras de Ronçay sous le sien, le conduisit près de la salle à manger, dans un petit salon désert, où ils prirent place sur un large divan, et là, il lui dit :

— Vous ne vous doutez pas de quelle étrange mission Mme  Daltès m’avait chargé. Il y a quarante-huit heures, j’étais seul avec elle et nous causions de la France, des théâtres de Paris, des pièces à succès, lorsque, changeant tout à coup de conversation, elle me demanda si elle pourrait obtenir une audience du Saint-Père. M’imaginant qu’il s’agissait de l’une de ces audiences ordinaires que Pie IX accorde toujours à ceux qui sollicitent sa bénédiction, je lui répondis affirmativement ; mais je me trom-