Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/20

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— Cher grand artiste, comme vous étiez bien faits l’un pour l’autre, Mme Daltès et vous ! et comme la folle du logis vous hante tous les deux ! Rien de ce que vous redoutez n’arrivera, j’en ai la conviction. Votre amie guérira, lorsqu’elle aura abandonné cette carrière qui la tue, ne laisse ni à son esprit ni à ses nerfs une heure de repos ; mais lors même que vos craintes devraient se réaliser, ne faut-il pas toujours la préserver du désespoir ?

— Vous avez raison ! Lui refuser la suprême consolation qu’elle ambitionne serait mal. Mais moi ?

— Vous ?

— Oui, moi, qui la verrai partir, le sourire aux lèvres, sans qu’elle regrette rien… et qui resterai !

— Ah ! cruauté de l’amour ! Vous, vous aurez fait votre devoir ! Et d’ailleurs, qui sait si cette charmante enfant, au lieu de ne puiser auprès du Souverain-Pontife qu’une ardente aspiration vers le ciel, ne sortira pas au contraire du Vatican, en raison même du calme qu’elle en emportera, plus forte pour lutter contre le mal et plus désireuse de vivre ?

— Oui, peut-être ! Enfin n’importe ! Elle d’abord !

Et sans plus échanger une parole, le prince et Gilbert gagnèrent le premier étage, où se trouvait l’appartement de la comédienne.

Prévenue par sa femme de chambre qu’ils étaient ensemble, Éva les attendait fiévreusement, impatiente de connaître son sort.

En voyant s’ouvrir la porte du petit salon où, coquettement enveloppée dans un long peignoir de cache-