Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/255

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bien assez l’air de la mer. J’en ferai l’observation à Ronçay.

— Vous n’allez pas du moins l’effrayer à mon sujet ?

— Puisque vous n’avez rien ! Soyez seulement un peu plus raisonnable !

Quelques instants après, le médecin fit la même recommandation à son ami, d’un ton léger, sans paraître y attacher beaucoup d’importance ; mais quand, une semaine s’étant écoulée, il quitta la Folie-Lainé, il emportait, grâce à l’examen auquel il s’était livré en secret, la crainte que la jeune femme ne fût menacée de quelque affection des plus sérieuses.

Cependant, lorsque, vers la fin de septembre, le faux ménage rentra au boulevard des Invalides, Bernel put espérer qu’il s’était trompé : Éva n’avait pas eu de nouvelles oppressions et sa santé n’avait jamais été plus florissante.

C’était doublement heureux, car, ne voulant pas continuer à jouer le répertoire classique à l’Odéon, et n’espérant pas trouver à Paris, pour la saison d’hiver, l’engagement qu’elle ambitionnait, elle était décidée à accepter l’une des propositions qui lui étaient faites de la province et de l’étranger.

Elle n’avait précisément que l’embarras du choix : Londres, où elle ne pouvait songer à aller, à cause de son mari ; Bordeaux ou Bruxelles. Elle aurait à reprendre dans ces villes les grands succès du Théâtre-Français et du Gymnase : le Sphinx, le Supplice d’une femme, le Demi-Monde, Diane de Lys, etc.