Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/260

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Plouenec, et Plouenec c’était l’existence passionnée, folle, loin des bruits du monde, en quelque sorte la récompense du travail et des séparations de l’hiver. Mais refuser, c’était laisser échapper une occasion particulièrement intéressante de se faire connaître. Dieppe, durant trois mois, est peuplé de Parisiens, d’auteurs dramatiques et de directeurs. Alexandre Dumas fils habitait déjà Puy, et Pourville était une colonie de journalistes.

Néanmoins, Mlle  de Tiessant hésita assez longtemps, puis elle finit par dire oui et, dans les premiers jours de juillet, elle s’en fut jouer à Dieppe, avec un succès toujours croissant, le répertoire du Gymnase et du Vaudeville.

Cette villégiature artistique de sa maîtresse n’avait rien de pénible pour Gilbert et ne lui faisait pas trop regretter la Bretagne. Il avait loué sur la plage, tout près du casino, une grande villa où tout le monde avait trouvé place, à commencer par Blanche qui allait avoir quatre ans, devenait une adorable enfant et qu’on ne pouvait séparer de Pierre, l’esclave aveugle de son inconsciente tyrannie.

Bernel y avait aussi sa chambre, qu’il venait occuper toutes les semaines, du samedi soir au lundi matin, comme un mari du train jaune, disait-il volontiers en sa qualité de célibataire endurci ; et Mme  Bertin elle-même, pour qui la liaison d’Éva avec Ronçay devenait en quelque sorte légitime, avait promis de quitter pendant quelques jours la rue d’Assas pour venir embrasser ses chères nièces.