Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à moi, tout au contraire, que je mourrais s’il me fallait le quitter, surtout maintenant !

— Alors, vous tenez beaucoup à jouer après-demain ?

— Je vous en prie !

Ce que Mme Daltès n’ajoutait pas, c’est que si la première de la Princesse Georges était remise, les journaux en diraient certainement la cause et que Ronçay apprendrait ainsi qu’elle était malade. Or, sachant qu’il n’avait que juste le temps nécessaire pour terminer l’œuvre importante qu’il devait livrer au ministère des Beaux-Arts à bref délai, elle ne voulait pas l’inquiéter, certaine qu’elle était aussi qu’à une semblable nouvelle il abandonnerait tout pour accourir à Rome.

Éva joua donc le surlendemain et son succès fut complet. D’abord on ne lui marchanda ni les applaudissements, ni les rappels, ni les fleurs ; de plus, les critiques s’accordèrent pour écrire que jamais Princesse Georges n’avait été plus jolie, ni plus grande dame.

Malheureusement cette soirée eut les conséquences qu’avait prévues M. Tavini : le lendemain, la vaillante comédienne fut reprise de douleurs atroces ; on dut employer de nouveau la morphine et, vingt-quatre heures plus tard, après avoir joué vaillamment une seconde fois, elle était forcée de garder complètement la chambre.

Il semblait qu’elle ne fût plus aux prises avec des crises intermittentes, mais avec une affection qui,