Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/302

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— Maintenant que me voici de nouveau comme autrefois, entre vous deux, je ne veux pas mourir !

Quelques instants après, elle voulut descendre dans l’atelier, et quand elle se revit au milieu de toutes ces choses qui lui rappelaient tant de beaux jours, elle fut prise d’une telle émotion que, frissonnante, les lèvres entr’ouvertes, elle se jeta au cou de son amant, mais pour aussitôt incliner, par un gracieux mouvement d’enfant craintif, son visage sur sa poitrine, ne laissant plus ainsi que son front à la merci de ses baisers.

Le lendemain matin, Mlle de Tiessant, qui avait passé une assez bonne nuit, apprit sans trop de surprise ni d’appréhension la visite qu’elle allait recevoir, et quand les docteurs Dartol et Rigal furent introduits auprès d’elle, ils auraient pu s’étonner du peu d’altération de ses traits s’ils n’avaient su, par expérience, que l’affection terrible contre laquelle luttait leur jeune cliente permet parfois au patient qu’elle torture d’avoir jusqu’à la dernière heure de sa vie presque toutes les apparences de la santé.

La consultation fut longue ; elle parut surtout interminable à Ronçay, qui avait dû, à la prière des médecins, les laisser seuls avec la malade, et quand ils eurent terminé, les docteurs descendirent dans l’atelier, où ils restèrent en conférence pendant plus d’une demi-heure.

Enfin, ils partirent, après avoir rédigé et signé leur rapport, et Bernel vint rejoindre Gilbert qui s’était empressé de retourner auprès d’Éva. Il l’avait