Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de désespérer, vous qui avez eu si peu le temps de pécher. Là-bas, au Vatican, dans un moment d’exaltation, vous vous êtes promis de mourir en état de grâce ? Eh bien ! soit ! vous avez eu raison, je respecte toutes les croyances ; mais vous avez fait ce serment-là parce que vous pensiez votre dernière heure arrivée. Est-ce vrai ? N’auriez-vous pas hésité un peu à prendre cet engagement envers vous-même, si vous aviez été certaine qu’une longue existence de bonheur vous était encore réservée ?

— Peut-être ! Mais j’ai pris cet engagement-là également envers Dieu.

— Oh ! Dieu est un créancier indulgent. Il ne demande que des prières pour intérêts. Vous lui en adresserez de ferventes, et il vous pardonnera. Il y a plus : les papes ont toujours le droit de délier du serment. Eh bien ! quand vous aurez épousé Gilbert…

— Comment, quand j’aurai épousé Gilbert ?

— Sans doute, puisqu’on va rétablir le divorce ! Lorsque vous serez devenue Mme  Ronçay, vous retournerez à Rome pour vous jeter aux pieds de Pie IX, qui vous relèvera de votre vœu, d’abord parce que c’est un homme intelligent et bon, et ensuite parce que, s’il s’y refusait, il irait contre la loi de Dieu : crescere et multiplicare. J’aime mieux vous dire ça en latin, ne sachant d’ailleurs de quelle langue le Tout-Puissant a pu se servir. Vous serez heureuse et je soignerai vos enfants légitimes de la coqueluche !