Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/329

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— Alors, soit ! Seulement, comme je veux la prévenir de ton arrivée avant que tu la voies, nous allons entrer dans la maison par la porte de service. Viens !

Mme  Bertin reprit, en compagnie de Blanche, l’allée couverte qu’elles avaient parcourue quelques minutes auparavant, et après avoir introduit la religieuse dans la villa, elle la laissa seule dans la salle à manger. Mais, au moment d’ouvrir la porte de sa nièce, l’excellente femme, saisie d’une pensée subite, monta dans sa chambre, écrivit rapidement deux ou trois lignes, redescendit au rez-de-chaussée, remit ces lignes à Catherine, pour qu’elle les fît porter immédiatement à la gare — c’était la dépêche qu’allait recevoir Ronçay à Paris — et elle entra chez Éva.

Mlle  de Tiessant venait de terminer sa toilette et Jeanne l’installait sur une chaise longue, près d’une fenêtre ouverte.

C’était là qu’elle aimait à se tenir, avec ses fleurs, ses livres, ses travaux de broderie, lorsque le mauvais temps ou ses forces ne lui permettaient pas de descendre dans le jardin, soit pour s’y promener un peu, soit pour aller jouir dans le kiosque du spectacle amusant que la Marne offrait pendant les jours de fêtes, avec ses embarcations de tous genres, aux équipes bariolées, les refrains joyeux des canotiers, les promeneurs, les couples amoureux, les pêcheurs encombrant ses rives et les échos de l’orchestre des bals champêtres dans le lointain.

Enveloppée dans un grand peignoir de cachemire blanc avec des revers et une lourde cordelière de