Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/33

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aperçut son maître qui sortait de son appartement, vêtu de noir, prêt à partir.

Ils rentrèrent ensemble chez Mme Daltès. Elle venait de terminer sa toilette.

Pour se conformer à l’avis de sa lettre d audience, elle avait jeté sur sa tête une mantille de dentelle noire qui allait à merveille à sa beauté de Madrilène. Avec ses grands yeux que la fièvre emplissait d’éclairs, son teint mat, ses lèvres qu’elle avait rougies pour en dissimuler la pâleur, elle semblait descendue d’une toile de Goya. Il ne lui manquait que la grenade plantée derrière l’oreille, dans la forêt d’ébène de ses cheveux.

Gilbert en fut frappé, plus peut-être encore en artiste que comme amant, et, s’approchant d’elle, il lui dit avec admiration :

— Tu n’as jamais été plus jolie. Les vierges de Raphaël vont être jalouses de toi.

La jeune femme, en effet, était adorable dans sa robe de soie noire, unie, sans ornements, mais qui n’en dessinait que mieux l’élégance et la distinction de ses formes. Il était évident pour Ronçay qui la connaissait bien que si, ce jour-là, elle avait compris la nécessité d’être simple, elle n’avait pas voulu, du moins, cesser d’être belle.

Au compliment de son ami, elle répondit en souriant :

— Il n’y a que mon bonheur qu’on pourrait m’envier aujourd’hui. Partons ! La voiture doit être en bas.