Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/35

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d’eau au déluge de l’ouragan. Puis, après avoir suivi l’étroite rue Coronari, faite de vieux palais historiques, dont les rez-de-chaussée sont devenus de sordides échoppes, et où, dit-on, dans la maison qui porte aujourd’hui le numéro 148, a demeuré Michel-Ange, il s’engagea sur le pont Saint-Ange, dans l’axe duquel se dressait, sur la rive droite du Tibre, masse énorme perdue dans les nuages, le fort, la mole Adriana.

Les chevaux se cabraient épouvantés, glissant des quatre fers sur les pierres lavées par la pluie. Le cocher n’en était plus maître. Après avoir franchi le pont et tourné à gauche, ce fut enlevés dans un galop furieux qu’ils arrivèrent, par le Borgo Pio, sur la place Saint-Pierre et à l’extrémité droite des portiques, où frémissants, couverts d’écume et maintenus par des soldats de police qui, des colonnades où ils s’abritaient, s’étaient élancés à leur rencontre et les avaient saisis aux mors, ils s’arrêtèrent enfin devant la porte de Bronze, l’entrée la plus ordinaire du Vatican.

Au lieu d’augmenter la surexcitation d’Éva, l’allure affolée de l’attelage lui avait, au contraire, si bien rendu le calme dont elle était coutumière en face de tout danger, qu’elle dit à Gilbert, avec un sourire, en s’appuyant sur son épaule pour mettre pied à terre :

— J’ai pensé un instant que le ciel voulait s’opposer lui-même à ce que le Saint-Père me reçût.

Et d’un pas ferme, suivie par le regard admirateur