Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/361

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Et lui montrant sa robe entrebâillée, qui laissait voir le haut de sa poitrine blanche, ferme et que l’émotion soulevait, il ajouta :

— Prenez garde, couvrez-vous ! La nuit est fraîche, vous pourriez prendre mal !

La jeune fille ne répondit qu’en saisissant brusquement la main de son maître, pour l’embrasser.

— Que faites-vous ? s’écria Ronçay. Vous êtes folle ?

— Oui, oui, bégaya Jeanne d’une voix étranglée, folle de vous, monsieur Gilbert !

— Folle… de moi !

— Je vous aime !

Des effluves de jeunesse et de désirs s’échappaient de l’enfiévrée. Sa bouche entr’ouverte attendait le baiser. Le créole sentait ses bras se nouer autour de lui.

Il comprit tout à fait, et après avoir hésité une seconde, par pitié, il s’écria, en s’arrachant à l’ardente étreinte :

— Ah ! ce que vous faites là est horrible ! Vous avez perdu la raison ! Comment, votre pauvre maîtresse est là-bas qui se meurt peut-être, et vous venez… Malheureuse ! Moi qui avais pour vous de l’affection et de l’estime !

Alors la jolie Bretonne tomba à genoux et, reprenant la main que le sculpteur étendait pour la repousser, elle gémit :

— Pardon, pardon ! c’est madame qui m’en a priée !