Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/45

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silencieux, la main dans la main, comme s’ils venaient d’être rivés l’un à l’autre, plus puissamment que jamais, par quelque lien mystique, ils reprirent, sans même s’en rendre bien compte, le chemin qu’ils avaient parcouru quelques minutes auparavant.

De leur pas automatique, ils passèrent indifférents à travers la foule des pèlerins d’Orient qui attendaient, dans la salle Clémentine, l’heure de l’audience que le Pape leur avait accordée pour ce jour-là, et suivirent les loges. Ensuite, après avoir traversé de nouveau les salles ducale et royale, ils descendirent le grand escalier de marbre pour ne revenir vraiment à eux qu’au choc, sur les dalles de la galerie, de la hallebarde du soldat suisse en faction devant la statue de Constantin, qui les saluait ainsi au passage.

Quelques secondes après, ils franchissaient la porte de Bronze et remontaient en voiture pour retourner à la Minerve.

Éva était rayonnante, un sourire de béatitude entr’ouvrait ses lèvres, ses grands yeux erraient dans l’infini. L’orage s’était éloigné ; le calme s’était fait dans la nature ainsi que dans l’âme de celle qui avait demandé au successeur de Saint-Pierre le pardon de ses fautes et sa bénédiction.

Au contraire, Gilbert était sombre ; il jetait sur sa compagne, qui semblait l’avoir oublié, des regards furtifs et inquiets. Ce fut sans avoir échangé une parole qu’ils mirent pied à terre dans la cour de l’hôtel.