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Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/93

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qui m’avez jadis fermé votre maison, n’a le droit d’entrer chez moi sans ma permission. Votre gendre, qui habite l’Angleterre, n’ignore pas que le domicile d’autrui est inviolable, et je m’étonne…

— Vous avez donné asile à une femme en révolte contre l’autorité conjugale, interrompit grossièrement l’écrivain, et cette femme est ma fille. Nous ne sortirons d’ici qu’avec elle !

— Éva demeure ici, c’est vrai, mais en vertu d’une ordonnance du tribunal civil. Si votre gendre n’avait pas quitté Londres, il aurait lu ce matin la copie de cet acte. Elle lui a été adressée par l’avoué de sa femme, qui est autorisée à vivre près de moi, sa tante, jusqu’à ce que la justice ait prononcé sur sa demande en nullité de mariage.

— Oui, je connais cette idée stupide par la lettre qu’Éva a écrite à son mari. Tout cela m’est égal ! Malgré votre ordonnance et malgré vous, qui feriez mieux de lui prêcher l’obéissance, nous allons l’emmener, elle et son enfant.

En disant ces mots, il avait repoussé brutalement Mme Bertin et, avant que M. Noblet, très effrayé, au point de vue légal, de toute cette scène, eût pu l’arrêter ; il pénétra dans la salle à manger.

Il s’y trouva en face de sa fille, de laquelle le séparait seulement la large table qui tenait le milieu de la pièce.

Du salon où sa tante l’avait laissée, la jeune femme avait tout entendu, et, profondément humiliée de cette scène de famille, dont un étranger se trou-