Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/95

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irrévocable, et comme vous l’a dit ma tante, je suis ici chez elle, en vertu d’une ordonnance du tribunal. Je suis certaine que si vous l’aviez su, vous vous seriez abstenu de faire cette démarche, si pénible pour tous. Je vous l’ai écrit : je n’ai pas l’intention de vous séparer à jamais de votre fils ; si vous voulez l’embrasser, je vais vous l’apporter moi-même, mais nous ne sortirons pas d’ici ni l’un ni l’autre avant que la loi ait prononcé.

— Cependant, balbutia M. Noblet, absolument surpris du ton si calme et si digne de celle qu’il n’avait jamais vue que douce et timide, je pensais… je ne…

— N’écoutez pas toutes ces sornettes, interrompit M. de Tiessant dont la colère allait en croissant.

Et à sa fille :

— Toi, tu vas me faire le plaisir, sans plus attendre, de prendre ton enfant et de nous suivre.

— Je regrette de ne pouvoir vous obéir.

— Tu refuses ?

— Je refuse.

Alors, perdant tout à fait la tête, il s’élança et fit le tour de la table ; mais avant qu’il eût atteint Éva, celle-ci s’était rejetée dans le salon, et en avait fermé la porte derrière elle.

Ce ne pouvait être là un obstacle pour ce violent accoutumé à l’obéissance passive que les siens avaient toujours eue. D’un coup de pied, il rouvrit la porte et bondit dans la pièce, mais pour s’arrêter aussitôt tout interdit.