Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/97

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porte. Je ne vous aurais pas laissé violer le domicile d’une femme digne de tous les respects, ni brutaliser une enfant sans défense. Je me nomme Gilbert Ronçay et demeure dans cette même maison.

— Soit ! monsieur, répondit le pamphlétaire, en s’efforçant de reprendre un peu de calme devant cette attitude si ferme et si correcte de l’artiste, soit ! Eh bien ! maintenant que vous savez qui nous sommes…

— Je prie, moi, M. Ronçay de ne pas me quitter, fit vivement la veuve en comprenant l’invitation que son beau-frère adressait à son jeune ami. Il est ici chez moi, et je lui serai reconnaissante de ne pas me laisser seule avec vous !

— Alors c’est nous qui partons ! mais, Madame ma belle-sœur, vous ne vous souviendrez pas moins que votre nièce de cette matinée.

— Permettez-moi au moins, demanda M. Noblet, en faisant un pas vers sa femme, de vous expliquer…

— Oh ! je ne vous en veux pas, interrompit Éva d’une voix entrecoupée de larmes. Pourquoi n’êtes-vous pas venu seul ? Embrassez votre fils et partez ! Laissez-moi ! Oh ! laissez-moi !

M. de Tiessant allait peut-être résister à cette prière, mais son gendre, très vivement ému de l’exaltation de la jeune mère, le prit par le bras, et ils sortirent accompagnés de Gilbert, qui comprenait qu’il ne devait pas rester auprès de celle dont le père et le mari s’éloignaient.

Arrivé au rez-de-chaussée, le sculpteur salua