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VI

Mme  Bertin n’avait pas entendu l’apostrophe outrageante de son beau-frère : « Vous jouez un joli rôle, » et l’eût-elle entendue qu’elle n’y aurait attaché aucune importance. Elle était trop honnête femme pour qu’une insulte de ce genre pût l’atteindre. Mais lorsqu’elle fut un peu remise de l’émotion que lui avait causée cette scène si pénible, surtout pour sa nièce, elle s’en rappela les moindres détails et comprit ce qu’avait réellement voulu dire Éva, en s’écriant : « Que vont-ils penser de moi ! » pendant qu’elle la pressait sur son cœur.

Tout d’abord, pour la bonne tante, ces mots avaient exprimé seulement l’épouvante que Mme  Noblet ressentait de la hardiesse de sa révolte ; mais en y réfléchissant mieux, en se souvenant qu’à l’instant même où M. de Tiessant s’était introduit de force dans le salon, il y avait vu sa fille dans les bras de M. Ronçay, elle était bien forcée de donner à l’excla-