Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/111

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prendre mon rang dans la vie, et le vulgaire me regarde comme un être incapable et manqué.

» J’avais de la vigueur et de la finesse d’esprit, mon âme était capable d’enthousiasme et d’élan, j’aurais pu insérer mon action dans le grand mouvement des choses, et être un homme dans mon siècle, et quand je me surprends à formuler une opinion, à m’indigner ou à m’échauffer, je souris de moi-même. Quand je me surprends poursuivant un but avec passion, je me mets à rire de moi-même, comme de l’homme qui a la bonhomie de se passionner au jeu ou à la chasse, et de se poser un but pour après s’amuser à l’atteindre.

» Quelquefois, pour n’avoir pas l’air trop inepte, je hasarde avec toutes sortes de restrictions une opinion. Puis cela me