Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/25

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quefois, le soir, j’éprouve des moments d’un très doux affaissement. S’il y avait encore un vestibule au temple pour les pénitents, c’est là que j’irais choisir ma place. Si jamais je vais au ciel, je veux y être dans le quartier des Madeleines.

» L’orgueil, c’est de n’aimer pas ; l’humilité, c’est d’aimer beaucoup. J’ai parfois des suffoquements d’amour vague et des pléthores de sympathie, que doit, je crois, ignorer l’égoïste. J’aime tout le monde en ces moments ; tous ont raison à leur manière, tous sont bons, honnêtes, aimables ; il n’y a pas jusqu’aux petits défauts de chacun auxquels je ne trouve du charme. Je ne sais contredire personne, je suis toujours de l’avis de ceux qui parlent avec moi, et lors même que je ne pense pas comme eux, je finis par dire : je crois qu’après tout il a raison dans sa pensée.