Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/27

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l’ensemble, le Père céleste sait ce qu’il en est.

» Comme je suis critique, je vois fort bien les analogies de tous ces sentiments et leur racine première. Si je voulais, je montrerais comme quoi l’humilité chrétienne, sentiment à peu près inconnu à l’antiquité, n’est qu’une transformation d’un autre instinct, instinct qui, dans l’antiquité, resta toujours dans sa forme la plus sévère et la plus naturelle, mais qui, par le christianisme, se réfracta en mille voluptueuses métamorphoses et devint humilité, dévotion, amour de la bassesse, goût du niais. Je pourrais montrer les perversions de ces instincts divers dans l’histoire et dans les arts. Mais je ne saurais trop comment exprimer cette délicate psychologie, et qu’importe, du reste ? Tout est également noble et pur, dans les