Page:Renan - De la part des peuples sémitiques dans l’histoire de la civilisation.djvu/12

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indo-européens, ou, comme nous disons, des cultes païens.

Voici donc deux individualités parfaitement reconnaissables, qui remplissent en quelque sorte à elles deux presque tout le champ de l’histoire, et qui sont comme les deux pôles du mouvement de l’humanité. Je dis presque tout le champ de l’histoire ; car, en dehors de ces deux grandes individualités, il y en a encore deux ou trois qui se dessinent déjà suffisamment pour la science, et dont l’action a été considérable. Laissons de côté la Chine, qui est un monde à part, et les races tartares, qui n’ont agi que comme des fléaux naturels, pour détruire l’œuvre des autres. L’Égypte a eu une part considérable dans l’histoire du monde ; or l’Égypte n’est ni sémitique ni indo-européenne. Babylone n’est pas non plus un fait purement sémitique ; il y eut là, ce semble, un premier type de civilisation, analogue à celui de l’Égypte. On peut dire même en général qu’avant l’entrée des peuples indo-européens et des peuples sémitiques sur la scène de l’histoire, le monde avait déjà des civilisations fort anciennes, auxquelles les nôtres doivent, sinon des éléments moraux, au moins des éléments industriels et une longue expérience de la vie matérielle. Mais tout cela est encore peu dessiné aux yeux de l’histoire ; tout cela pâlit d’ailleurs auprès de faits comme la mission de Moïse, l’invention de l’écriture alphabétique, la conquête de Cyrus, celle d’Alexandre, l’envahissement du monde par le génie grec, le christianisme, l’empire romain, l’islamisme, la conquête germanique, Charlemagne, la Renais-