Page:Renan - De la part des peuples sémitiques dans l’histoire de la civilisation.djvu/9

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Mais telle n’est pas la destination du Collége de France ; tout l’appareil de la science la plus spéciale et la plus minutieuse doit être ici déployé. Des démonstrations laborieuses, de patientes analyses, n’excluant, il est vrai, aucun développement général, aucune digression légitime : tel est le programme de ces cours. C’est le laboratoire même de la science philologique qui est ouvert au public, pour que des vocations spéciales se forment et que les personnes du monde puissent se faire une idée des moyens qu’on emploie pour arriver à la vérité.

Aujourd’hui, Messieurs, je dérogerais à l’usage et je tromperais votre attente, si je débutais par des développements trop techniques. J’aurais voulu rappeler parmi vous le souvenir du confrère illustre que j’ai l’honneur de remplacer : M. Étienne Quatremère. Mais ce devoir ayant été rempli ici même d’une manière qui ne me permet pas d’y revenir, je consacrerai cette première leçon à m’entretenir avec vous du caractère général des peuples dont nous étudierons ensemble la langue et les littératures, du rôle qu’ils ont joué dans l’histoire, de la part qu’ils ont fournie à l’œuvre commune de la civilisation.


Le résultat le plus important auquel les sciences historiques et philologiques sont arrivées depuis un demi-siècle, a été de montrer dans le développement général de l’humanité deux éléments en quelque sorte, qui, se mêlant dans des proportions inégales,