Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

augmentait. C’est le propre des grandes et saintes choses, de grandir et de se purifier toujours. Le sentiment d’une personne aimée qu’on a perdue est bien plus fécond à distance qu’au lendemain de la mort. Plus on s’éloigne, plus ce sentiment devient énergique. La tristesse qui d’abord s’y mêlait et, en un sens, l’amoindrissait, se change en piété sereine. L’image du défunt se transfigure, s’idéalise, devient l’âme de la vie, le principe de toute action, la source de toute joie, l’oracle que l’on consulte, la consolation qu’on cherche aux moments d’abattement. La mort est la condition de toute apothéose. Jésus, si aimé durant sa vie, le fut ainsi plus encore après son dernier soupir, ou plutôt son dernier soupir devint le commencement de sa véritable vie au sein de son Église. Il devint l’ami intérieur, le confident, le compagnon de voyage, celui qui, au détour de la route, se joint à vous, vous suit, s’attable avec

    salem ou aux environs. Le nombre quarante est symbolique (le peuple passe quarante ans au désert ; Moïse, quarante jours au Sinaï ; Élie et Jésus jeûnent quarante jours, etc.). Quant à la forme de récit adoptée par l’auteur des douze derniers versets du second Évangile et par l’auteur du troisième Évangile, forme d’après laquelle les circonstances sont serrées en un jour, voir ci-dessus, p. 33, note. L’autorité de Paul, la plus ancienne et la plus forte de toutes, corroborant celle du quatrième Évangile, qui offre pour cette partie de l’histoire évangélique le plus de suite et de vraisemblance, nous paraît fournir un argument décisif.