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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/112

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On ne peut guère admettre que ceux qui ont si fortement cru Jésus ressuscité soient ceux-là mêmes qui avaient enlevé le corps. Quelque peu précise que fût la réflexion chez de tels hommes, on imagine à peine une si étrange illusion. Il faut se souvenir que la petite Église à ce moment était complètement dispersée. Il n’y avait nulle entente, nulle centralisation, nulle publicité régulière. Les croyances naissaient éparses, puis se rejoignaient comme elles pouvaient. Les contradictions entre les récits qui nous restent sur les incidents du dimanche matin prouvent que les bruits se répandirent par des canaux très-divers, et qu’on ne se soucia pas beaucoup de se mettre d’accord. Il est possible que le corps ait été enlevé par quelques-uns des disciples, et transporté par eux en Galilée[1]. Les autres, restés à Jérusalem, n’auront pas eu connaissance du fait. D’un autre côté, les disciples qui auront emporté le corps en Galilée n’auront eu d’abord aucune connaissance des récits qui se formèrent à Jérusalem, si bien que la croyance à la résurrection se sera formée derrière eux et les aura surpris ensuite. Ils n’auront pas réclamé, et, l’eussent-ils fait, cela n’eût rien dérangé. Quand il s’agit de miracles, une rectification tardive est non

  1. Le vague sentiment de ceci peut se retrouver dans Matthieu, xxvi, 32 ; xxviii, 7, 10; Marc, xiv, 28 ; xvi, 7.