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de langues de feu[1]. C’était une opinion répandue dans les écoles théurgiques de Syrie que l’insinuation de l’Esprit se faisait par un feu divin et sous forme de lueur mystérieuse[2]. On crut avoir assisté à toutes les splendeurs du Sinaï[3], à une manifestation divine analogue à celle des anciens jours. Le baptême de l’Esprit devint dès lors aussi un baptême de feu. Le baptême de l’Esprit et du feu fut opposé et hautement préféré au baptême de l’eau, le seul que Jean eût connu[4]. Le baptême du feu ne se produisit que dans des occasions rares. Les apôtres seuls et les disciples du premier cénacle furent censés l’avoir reçu. Mais l’idée que l’Esprit s’était épanché sur eux sous la forme de pinceaux de flamme, ressemblant à des langues ardentes, donna origine à une série d’idées singulières, qui tinrent une grande place dans les imaginations du temps.

La langue de l’homme inspiré était supposée recevoir une sorte de sacrement. On prétendait que

  1. L’expression « langue de feu » signifie simplement, en hébreu, une flamme (Isaïe v, 24). Comp. Virgile, Æn., II, 682-84.
  2. Jamblique (De myst., sect. III, cap. 6) expose toute la théorie de ces descentes lumineuses de l’Esprit.
  3. Comparez Talmud de Babylone, Chagiga, 14 b ; Midraschim. Schir hasschirin rabba, fol. 10 b ; Ruth rabba, fol. 42 a ; Koheleth rabba, 87 a.
  4. Matth., iii, 11 ; Luc, iii, 16.