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tiellement moral et non politique, son produit naturel était l’utopie sociale, l’église, la synagogue, le couvent, non l’état civil, la nation, la cité. L’Égypte avait, depuis plusieurs siècles, des reclus et des recluses nourris par l’État, probablement en exécution de legs charitables, auprès du Sérapéum de Memphis[1]. Il faut se rappeler surtout qu’une telle vie en Orient n’est nullement ce qu’elle a été dans notre Occident. En Orient, on peut très-bien jouir de la nature et de l’existence sans rien posséder. L’homme, dans ces pays, est toujours libre, parce qu’il a peu de besoins ; l’esclavage du travail y est inconnu. Nous voulons bien que le communisme de l’Église primitive n’ait été ni aussi rigoureux ni aussi universel que le veut l’auteur des Actes. Ce qui est sûr, c’est qu’il y avait à Jérusalem une grande communauté de pauvres, gouvernée par les apôtres, et à laquelle on envoyait des dons de tous les points de la chrétienté[2]. Cette communauté fut obligée sans doute d’établir des règlements assez sévères, et, quelques

  1. Papyrus de Turin, de Londres, de Paris, groupés par Brunet de Presle, Mém. sur le Sérapéum de Memphis (Paris, 1852) ; Egger, Mém. d’hist. anc. et de philologie, p. 151 et suiv., et dans les Notices et extraits, t. XVIII, 2e part., p. 264-359. Observez que la vie érémitique chrétienne prit naissance en Égypte.
  2. Act., xi, 29-30 ; xxiv, 17 ; Galat., ii, 10 ; Rom., xv, 26 et suiv. ; I Cor, xvi, 1-4 ; II Cor., viii et ix.