Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/196

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Les temps des Séleucides avaient été une terrible époque de débordements féminins. On ne vit jamais tant de drames domestiques, de telles séries d’empoisonneuses et d’adultères. Les sages d’alors durent considérer la femme comme un fléau dans l’humanité, comme un principe de bassesse et de honte, comme un mauvais génie ayant pour rôle unique de combattre ce qui germe de noble en l’autre sexe[1]. Le christianisme changea les choses. À cet âge qui à nos yeux est encore la jeunesse, mais où la vie de la femme d’Orient est si morne, si fatalement livrée aux suggestions du mal, la veuve pouvait, en entourant sa tête d’un châle noir[2], devenir une personne respectable, dignement occupée, une diaconesse, l’égale des hommes les plus estimés. Cette position si difficile de la veuve sans enfants, le christianisme l’éleva, la rendit sainte[3]. La veuve redevint presque l’égale de la vierge. Ce fut la calogrie ou « belle

  1. Ecclésiaste, vii, 27 ; Ecclésiastique, vii, 26 et suiv. ; ix, I et suiv. ; xxv, 22 et suiv. ; xxvi, 1 et suiv. ; xlii, 9 et suiv.
  2. Pour le costume des veuves dans l’Église orientale, voir le manuscrit grec no 64 de la Bibliothèque impériale (ancien fonds), fol. 41. Le costume des calogries est encore aujourd’hui à peu près le même, le type de la religieuse orientale étant la veuve, tandis que celui de la nonne latine est la vierge.
  3. Comparez le Pasteur d’Hermas, vis. ii, ch. 4.