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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/200

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saintes, qui soutenaient la liberté sans l’étreindre, rendant possibles à la fois les douceurs de la vie commune et celles de la vie privée. C’était le contraire du pêle-mêle de nos sociétés artificielles et sans amour, où l’âme sensible est quelquefois si cruellement isolée. L’atmosphère était chaude et douce dans ces petits réduits qu’on appelait des Églises. On vivait ensemble de la même foi et des mêmes espérances. Mais il est clair aussi que ces conditions ne pouvaient s’appliquer à une grande société. Quand des pays entiers se firent chrétiens, la règle des premières Églises devint une utopie et se réfugia dans les monastères. La vie monastique n’est, en ce sens, que la continuation des Églises primitives[1]. Le couvent est la conséquence nécessaire de l’esprit chrétien ; il n’y a pas de christianisme parfait sans couvent, puisque l’idéal évangélique ne peut se réaliser que là.

Une large part, assurément, doit être faite au judaïsme dans ces grandes créations. Chacune des communautés juives dispersées sur les côtes de la Méditerranée, était déjà une sorte d’Église, avec sa caisse de secours mutuels. L’aumône, toujours

  1. Les congrégations piétistes de l’Amérique, qui sont, dans le protestantisme, l’analogue des couvents catholiques, rappellent aussi par beaucoup de traits les Églises primitives. V. L. Bridel. Récits américains (Lausanne, 1861).