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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/213

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posèrent aux pieds d’un jeune fanatique nommé Saül ou Paul, lequel songeait avec une joie secrète aux mérites qu’il acquérait en participant à la mort d’un blasphémateur[1].

En tout ceci, on observa à la lettre les prescriptions du Deutéronome, ch. XIII. Mais, envisagée par le côté du droit civil, cette exécution tumultuaire, accomplie sans le concours des Romains, n’était pas régulière[2]. Pour Jésus, nous avons vu qu’il fallut la ratification du procurateur. Peut-être cette ratification fut-elle obtenue pour Étienne, et l’exécution ne suivit-elle pas la sentence d’aussi près que le veut le narrateur des Actes. Peut-être aussi l’autorité romaine s’était-elle relâchée en Judée. Pilate venait d’être suspendu de ses fonctions, ou était sur le point de l’être. La cause de cette disgrâce fut justement la trop grande fermeté qu’il avait montrée dans son administration[3]. Le fanatisme juif lui avait rendu la vie insupportable. Peut-être était-il fatigué de refuser à ces frénétiques les violences qu’ils lui demandaient, et l’altière famille de Hanan était-elle arrivée à n’avoir plus besoin de permission pour prononcer des sentences de mort. Lucius Vitellius

  1. Act., vii, 59 ; xxii, 20 ; xxvi, 10.
  2. Jean, xviii, 31.
  3. Jos., Ant., XVIII, iv 2.