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Lucius Vitellius, l’an 36, peu de temps après Pilate[1] ; mais le changement fut peu considérable. Il eut pour successeur son beau-frère Jonathan, fils de Hanan. Celui-ci, à son tour, eut pour successeur son frère Théophile, fils de Hanan[2], lequel continua le pontificat dans la maison de Hanan jusqu’à l’an 42. Hanan vivait encore, et, possesseur réel du pouvoir, maintenait dans sa famille les principes d’orgueil, de dureté, de haine contre les novateurs, qui y étaient en quelque sorte héréditaires.

La mort d’Étienne produisit une grande impression. Les prosélytes lui firent des funérailles accompagnées de pleurs et de gémissements[3]. La séparation entre les nouveaux sectaires et le judaïsme n’était pas encore absolue. Les prosélytes et les hellénistes, moins sévères en fait d’orthodoxie que les juifs purs, crurent devoir rendre des hommages publics à un homme qui honorait leur corporation et que ses croyances particulières n’avaient pas mis hors la loi.

Ainsi s’ouvrit l’ère des martyrs chrétiens. Le martyre n’était pas une chose entièrement nouvelle. Sans

  1. Jos., Ant., XVIII, iv, 3.
  2. Ibid., XVIII, v, 3.
  3. Act., viii, 2. Les mots ἀνὴρ εὐλαϐὴς désignent un prosélyte, non un juif pur. Cf. Act., ii, 5.