Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/252

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pression d’une nuit profonde, traversée d’éclairs, où l’on a vu des images se dessiner sur un fond noir[1]. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’un coup terrible enleva en un instant à Paul ce qui lui restait de conscience distincte, et le renversa par terre privé de sentiment.

Il est impossible, avec les récits que nous avons de cet événement singulier[2], de dire si quelque fait extérieur amena la crise qui valut au christianisme son plus ardent apôtre. Dans de pareils cas, au reste, le fait extérieur est peu de chose. C’est l’état d’âme de saint Paul, ce sont ses remords, à l’approche de la ville où il va mettre le comble à ses méfaits, qui furent les vraies causes de sa conversion[3]. Je préfère beaucoup pour ma part l’hypothèse d’un fait personnel à Paul et senti de lui

  1. J’ai éprouvé un accès de ce genre à Byblos ; avec d’autres principes, j’aurais certainement pris les hallucinations que j’eus alors pour des visions.
  2. Nous possédons trois récits de cet épisode capital : Act., ix, 1 et suiv. ; xxii, 5 et suiv. ; xxvi, 12 et suiv. Les différences qu’on remarque entre ces passages prouvent que l’Apôtre lui-même variait dans les récits qu’il faisait de sa conversion. Le récit Actes, ix, lui-même, n’est pas homogène, comme nous le montrerons bientôt. Comparez Gal., i, 15-17 ; I Cor., ix, 1 ; xv, 8 ; Act., ix, 27.
  3. Chez les Mormons et dans les « réveils » américains, presque toutes les conversions sont aussi amenées par une grande tension de l’âme, produisant des hallucinations.