Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/258

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diate qu’il avait tout appris. La fière et indomptable nature de Paul reparaissait ici. Abattu sur le chemin, il voulut bien se soumettre, mais se soumettre à Jésus seul, à Jésus qui avait quitté la droite de son Père pour venir le convertir et l’instruire. Telle est la base de sa foi ; tel sera un jour le point de départ de ses prétentions. Il soutiendra que c’est à dessein qu’il n’est pas allé à Jérusalem aussitôt après sa conversion se mettre en rapport avec ceux qui étaient apôtres avant lui ; qu’il a reçu sa révélation particulière et qu’il ne tient rien de personne ; qu’il est apôtre comme les Douze par institution divine et par commission directe de Jésus ; que sa doctrine est la bonne, quand même un ange dirait le contraire[1]. Un immense danger entra avec cet orgueilleux dans le sein de la petite société de pauvres en esprit qui a constitué jusqu’ici le christianisme. Ce sera un vrai miracle si ses violences et son inflexible personnalité ne font pas tout éclater. Mais aussi que sa hardiesse, sa force d’initiative, sa décision vont être un élément précieux à côté de l’esprit étroit, timide, indécis des saints de Jérusalem ! Sûrement, si le christianisme fût resté entre les

  1. Gal., i, 1, 8-9, 11 et suiv. ; I Cor., ix, 1 ; xi, 23 ; xv, 8, 9 ; Col., i, 25 ; Ephes., i, 19 ; iii, 3, 7, 8 ; Act., xx, 24 ; xxii, 14-15, 21 ; xxvi, 16 ; Homiliae pseudo-clem., xvii, 13-19.