Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/293

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remplis d’une eau limpide[1]. C’était comme un enivrement, comme un songe de Sardanapale, où se déroulaient pêle-mêle toutes les voluptés, toutes les débauches, n’excluant pas certaines délicatesses. Ce fleuve de boue qui, sortant par l’embouchure de l’Oronte, venait inonder Rome[2], avait là sa source principale. Deux cents décurions étaient occupés à régler les liturgies et les fêtes[3]. La municipalité possédait de vastes domaines publics, dont les duumvirs partageaient l’usufruit entre les citoyens pauvres[4]. Comme toutes les villes de plaisir, Antioche avait une plèbe infime, vivant du public ou de sordides profits.

La beauté des œuvres d’art et le charme infini de la nature[5] empêchaient cet abaissement moral de dégénérer tout à fait en laideur et en vulgarité. Le site d’Antioche est un des plus pittoresques du monde. La ville occupait l’intervalle entre l’Oronte et les pentes du mont Silpius, l’un des embranchements du mont Casius. Rien n’égalait l’abondance et là beauté des

  1. Libanius, Antiochicus, p. 355-356.
  2. Juvénal, iii, 62 et suiv., et Forcellini, au mot ambubaja, en observant que le mot ambuba est syriaque.
  3. Libanius, Antioch., p. 315 ; De carcere vinctis, p. 455, etc. ; Julien, Misopogon, p. 367, édit. Spanheim.
  4. Libanius, Pro rhetoribus, p. 211.
  5. Libanius, Antiochicus, p. 363.