Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/300

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servi à des anachorètes. Quand on chemine sur ces pentes escarpées, où, vers le ive siècle, de bons stylites, disciples à la fois de l’Inde et de la Galilée, de Jésus et de Çakya-Mouni, prenaient en dédain la ville voluptueuse du haut de leur pilier ou de leur caverne fleurie[1], il est probable qu’on n’est pas bien loin des endroits où demeurèrent Pierre et Paul. L’Église d’Antioche est celle dont l’histoire se suit le mieux et renferme le moins de fables. La tradition chrétienne, dans une ville où le christianisme eut une si vigoureuse continuité, peut avoir de la valeur.

La langue dominante de l’Église d’Antioche était le grec. Il est bien probable cependant que les faubourgs, parlant syriaque donnèrent à la secte de nombreux adeptes. Déjà, par conséquent, Antioche renfermait le germe de deux Églises rivales et plus tard ennemies, l’une parlant grec, représentée maintenant par les grecs de Syrie, soit orthodoxes, soit catholiques ; l’autre dont les représentants actuels sont les Maronites, ayant parlé autrefois le syriaque et le conservant encore comme langue sacrée. Les Maronites, qui, sous leur catholicisme tout moderne, cachent une haute ancienneté, sont pro-

  1. Voir ci-dessous, p. 233, note 2.