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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/325

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qu’il garda jusqu’à la grande guerre. Claude, en tout ceci, se montrait plein de bonté. Les hauts fonctionnaires romains, en Syrie, bien qu’ils fussent moins portés que l’empereur aux concessions, usèrent aussi de beaucoup de modération. Le procurateur Ventidius Cumanus poussa la condescendance jusqu’à faire décapiter, au milieu des Juifs formant la haie, un soldat qui avait déchiré un exemplaire du Pentateuque[1]. Tout était inutile ; Josèphe fait avec raison dater de l’administration de Cumanus les désordres qui ne finirent plus que par la destruction de Jérusalem.

Le christianisme ne jouait aucun rôle dans ces troubles[2]. Mais ces troubles étaient, comme le christianisme lui-même, un des symptômes de la fièvre extraordinaire qui dévorait le peuple juif, et du travail divin qui s’accomplissait en lui. Jamais la foi juive n’avait fait de tels progrès[3]. Le temple de Jérusalem était un des sanctuaires du monde dont la réputation s’étendait le plus loin, et où l’on faisait le plus d’offrandes[4]. Le judaïsme était devenu la

  1. Jos. Ant., XX, v, 1 ; B. J., II, xii, 2.
  2. Josèphe, qui expose l’histoire de ces agitations avec un soin si minutieux, n’y mêle jamais les chrétiens.
  3. Jos., Contre Apion, II, 39 ; Dion Cassius, LXVI, 4.
  4. Jos., B. J., IV, iv, 3 ; V, xiii, 6 ; Suét., Aug., 93 ; Strabon, XVI, ii, 34, 37 ; Tacite, Hist., V, 5.