Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/359

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religieuses embrassaient fort doucement la vie. C’était quelque chose d’analogue à ces communautés distinctes qui existent encore dans chaque grande ville turque ; par exemple, aux communautés grecque, arménienne, juive, de Smyrne, étroites camaraderies où tout le monde se connaît, vit ensemble, intrigue ensemble. Dans ces petites républiques, les questions religieuses dominent toujours les questions politiques, ou plutôt suppléent au manque de celles-ci. Une hérésie y est une affaire d’État ; un schisme y a toujours pour origine une question de personnes. Les Romains, sauf de rares exceptions, ne pénétraient jamais dans ces quartiers réservés. Les synagogues promulguaient des décrets, décernaient des honneurs[1], faisaient acte de vraies municipalités. L’influence de ces corporations était très-grande. À Alexandrie, elle était de premier ordre, et dominait toute l’histoire intérieure de la cité[2]. A Rome, les juifs étaient nombreux[3] et formaient

  1. Voir Vie de Jésus, p. 137.
  2. Philon, In Flacc., § 5 et 6 ; Jos., Ant., XVIII, viii, 1 ; XIX, v, 2 ; B. J., II, xviii, 7 et suiv. ; VII, x, 1 ; Papyrus publié dans les Notices et extraits, XVIII, 2e part., p. 383 et suiv.
  3. Dion Cassius. XXXVII, 17 ; LX, 6 ; Philon, Leg. ad Caium, § 23 ; Josèphe, Ant., XIV, x, 8 ; XVII, xi, 1 ; XVIII, iii, 5. ; Hor., Sat., I. iv, 142-143 : v, 100 : ix, 69 et suiv. ; Perse, v, 179-