Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/404

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d’avoir dit son dernier mot ; mais la cruelle épreuve qu’il traversait lui ôtait la voix et le cœur. Viennent des jours meilleurs, et l’esprit, délivré du désolant régime des Césars, semblera revivre. Épictète, Plutarque, Dion Chrysostome, Quintilien, Tacite, Pline le Jeune, Juvénal, Rufus d’Éphèse, Arétée, Galien, Ptolémée, Hypsiclès, Théon, Lucien, ramèneront les plus beaux jours de la Grèce, non de cette Grèce inimitable qui n’a existé qu’une fois pour le désespoir et le charme de ceux qui aiment le beau, mais d’une Grèce riche et féconde encore, qui, en confondant ses dons avec ceux de l’esprit romain, produira des fruits nouveaux pleins d’originalité.

Le goût général était fort mauvais. Les grands écrivains grecs font défaut. Les écrivains latins que nous connaissons, à l’exception du satirique Perse, sont médiocres et sans génie. La déclamation gâtait tout. Le principe par lequel le public jugeait des œuvres de l’esprit était à peu près le même que de notre temps. On ne cherchait que le trait brillant. La parole n’était plus ce vêtement simple de la pensée, tirant toute son élégance de sa parfaite proportion avec l’idée à exprimer. On cultivait la parole pour elle-même. Le but d’un auteur en écrivant était de montrer son talent. On mesurait l’excellence d’une « récitation » ou lecture publique, au nombre