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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/89

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les autres voient et entendent aussi. Chez les protestants persécutés, le bruit se répandait qu’on avait entendu les anges chanter des psaumes sur les ruines d’un temple récemment détruit ; tous y allaient et entendaient le même psaume[1]. Dans les cas de ce genre, ce sont les plus échauffés qui font la loi et qui règlent le degré de l’atmosphère commune. L’exaltation des uns se transmet à tous ; personne ne veut rester en arrière ni convenir qu’il est moins favorisé que les autres. Ceux qui ne voient rien sont entraînés et finissent par croire ou qu’ils sont moins clairvoyants, ou qu’ils ne se rendent pas compte de leurs sensations ; en tout cas, ils se gardent de l’avouer ; ils troubleraient la fête, attristeraient les autres et se feraient un rôle désagréable. Quand une apparition se produit dans de telles réunions, il est donc ordinaire que tous la voient ou l’acceptent. Il faut se rappeler, d’ailleurs, quel était le degré de culture intellectuelle des disciples de Jésus. Ce qu’on appelle une tête faible s’associe très bien à l’exquise bonté du cœur. Les disciples croyaient aux fan-

  1. Voir les Lettres pastorales de Jurieu, 1e année, 7e lettre ; 3e année, 4e lettre ; Misson, le Théâtre sacré des Cévennes (Londres, 1707), p. 28, 34, 38, 102, 103, 104, 107 ; Mémoires de Court, dans Sayous, Hist. de la littér. française à l’étranger, xviie siècle, I, p. 303 ; Bulletin de la Société de l’hist. du protest. franc., 1862, p. 174.