Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/135

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peu éloignée de Derbé. Comme une ancienne tradition phrygienne, consacrée par un temple, une fête annuelle et de jolis récits[1], faisait voyager ainsi de compagnie Zeus et Hermès, on appliqua aux apôtres les noms de ces deux divins voyageurs. Barnabé, qui était plus grand que Paul, fut Zeus ; Paul, qui était le chef de la parole, fut Hermès. Il y avait justement en dehors de la porte de la ville un temple de Zeus[2]. Le prêtre, averti qu’une manifestation divine s’était produite et que son dieu était apparu dans la ville, se mit en mesure de faire un sacrifice. Les taureaux étaient déjà amenés et les guirlandes apportées devant le fronton du temple[3], quand Barnabé et Paul arrivent en déchirant leurs vêtements et en protestant qu’ils ne sont que des hommes. Ces races païennes, comme nous l’avons déjà dit, attachaient au miracle un tout autre sens que les juifs. Pour ceux-ci, le miracle était un argument doctrinal ; pour ceux-là, c’était la révéla-

  1. Ovide, Métam., VIII, 621-726.
  2. Ζεὺς πρόπυλος. Cf. Corp. inscr. gr., no 2963 c.
  3. Πυλῶνας ne peut guère se rapporter qu’au temple. Ἀκούσαντες suppose aussi que la scène se passe loin de l’endroit où était Paul. Enfin l’idée de venir faire un sacrifice à la porte de la maison de Paul est exagérée et contraire aux usages de l’antiquité. On sait que les sacrifices se faisaient devant le temple et non dedans.