Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/145

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été livrés, cinq ans auparavant, à la grâce de Dieu.

Le champ de la mission avait été peu étendu. Il avait embrassé l’île de Chypre dans le sens de sa longueur, et en Asie Mineure une ligne brisée d’environ cent lieues. C’était le premier exemple d’une course apostolique de ce genre ; rien n’était organisé. Paul et Barnabé eurent à lutter avec de grandes difficultés extérieures. Il ne faut pas se représenter ces voyages comme ceux d’un François Xavier ou d’un Livingstone, soutenus par de riches associations. Les apôtres ressemblaient bien plus à des ouvriers socialistes, répandant leurs idées de cabaret en cabaret, qu’aux missionnaires des temps modernes. Leur métier était resté pour eux une nécessité ; ils étaient obligés de s’arrêter pour l’exercer et de se régler selon les localités où ils trouvaient de l’ouvrage. De là des retards, des mortes saisons, mille pertes de temps. Malgré d’énormes obstacles, les résultats généraux de cette première mission furent immenses. Quand Paul se rembarqua pour Antioche, il y avait des Églises de gentils. Le grand pas était franchi. Tous les faits de ce genre qui s’étaient produits antérieurement avaient été plus ou moins indécis. Pour tous, on avait pu faire une réponse plus ou moins plausible aux juifs purs de Jérusalem, qui soutenaient que la circoncision était le préliminaire