Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/152

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nion, au risque de perdre sa couronne[1]. Les petits rois qui embrassaient le judaïsme en vue des riches mariages que leur offrait la famille d’Hérode se soumettaient à la même cérémonie[2]. Mais la vraie piété était de moins facile composition que la politique et l’avidité. Beaucoup de pieux néophytes menaient la vie juive, sans s’être assujettis au rite qui était censé pour le vulgaire en ouvrir l’accès[3]. C’était là pour eux une cause de perpétuel embarras. Les sociétés bigotes et où les préjugés sont forts ont coutume d’ériger leurs pratiques religieuses en actes de bon ton, de bonne éducation[4]. Tandis qu’en France, l’homme dévot, pour avouer sa piété, est obligé de vaincre une sorte de honte, de respect humain, chez les musulmans, à l’inverse, l’homme qui pratique sa religion est le galant homme ; celui qui n’est pas bon musulman ne saurait être une personne comme il faut ; sa position est celle qu’a chez nous un manant grossier et de mauvaises façons. De même, en Angleterre et aux États-Unis, celui qui n’observe pas le dimanche se met au ban de la bonne société. Parmi

  1. Jos., Ant., XX, ii, 5. Voir les Apôtres, p. 256.
  2. Jos., Ant., XVI, vii, 6 ; XX, vii, 1, 3. Cf. Masséket Gérim, édit. Kirchheim, c. i.
  3. Suétone, Domitien, 12.
  4. Voir ci-dessous, p. 312, 322-323.